Historique

Retrouvez ici le déroulement chronologique des formalités, évènements, rencontres qui nous ont amenés à la création de la Ferme Aquaponique du Cotentin.

  • En 2016, toute la petite famille était en Nouvelle Calédonie depuis 3 ans. Les enfants respectivement au collège et au lycée, Stéphanie gérait un institut de beauté, et j’étais directeur d’exploitation d’une ferme aquacole de crevettes, Blue Lagoon Farms (une vue de la ferme ici). Notre fille ainée allait passer le baccalauréat – l’année scolaire commence en février et se termine en décembre – et la perspective de l’envoyer, à 17 ans, suivre des études à Nouméa (350Km de notre maison) ne nous enchantait pas. De mon côté, le stress de la gestion d’une grosse ferme commençait à me peser, et nous étions éloignés de nos familles depuis assez longtemps – nous avions passé 8 ans dans la Caraïbe avant la Nouvelle Calédonie). Nous avons cherché un moyen de nous rapprocher, qui permettrait à nos enfants de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions. C’est au cours de ces recherches que j’ai découvert l’existence de l’aquaponie, cette méthode de production de légumes sans engrais chimiques ni pesticides, en symbiose avec un élevage de poissons. Les nombreuses vidéos de Pierre Harlaut (sa chaîne Youtube) , la lecture de son e-book et de son site aquaponie.biz , la consultation du site de Grégory Biton (sa chaîne Youtube) et la lecture de son site aquaponie.net ainsi que de son e-book, m’ont tout de suite emballé. J’ai également beaucoup consulté les sites des Sourciers ici, de aquaponie_pratique, et des sites en anglais ( Murray Hallam en Australie, Will Allen aux USA (Growing Power, Milwaukee) et Ryan Chatterson Chatterson Farms en Floride. Nous étions très motivés et disposions de quelques économies, la décision fut prise: créer une ferme aquaponique dans des conditions qui nous permettraient de faire vivre la famille, et de nous rapprocher de nos proches en métropole.
  • Début décembre 2016, retour en France, dans le Cotentin (Manche). Choc thermique. Fêtes de fin d’année…
  • Début 2017, trop tard pour que notre grande intègre l’université, elle va donc rester avec nous en attendant la rentrée. En revanche, notre plus jeune fille retourne au collège finir sa troisième. Enfin sur place, nous commençons à rechercher activement un terrain propice à notre projet: facile d’accès pour les clients (nous souhaitons favoriser la vente en direct à la ferme, meilleure garantie de fraîcheur), proche d’une zone urbaine pour limiter les déplacements (les nôtres et ceux des clients), bien orienté et abrité du vent, en zone agricole pour faciliter nos démarches (et c’est moins cher au m²). En parallèle, il faut prendre contact avec les administrations (mairie, région, chambre d’agriculture), trouver un comptable pour monter un dossier solide, demander d’innombrables devis pour chiffrer les besoins de financement de l’installation, changer d’avis sur les modes de culture, peaufiner les économies d’eau et d’énergie… Et toujours pas de terrain propice. Ce qui n’est pas sans poser des dommages collatéraux; par exemple, comme nous visons une clientèle très locale (un rayon de 15 minutes de trajet), impossible de faire une étude de marché sérieuse sans avoir défini l’emplacement de la future ferme. En parallèle, je rencontre Grégory Biton qui me fait visiter l’entreprise dont il est un des actionnaires, De l’eau à la bouche sur Facebook, je suis chez lui et chez Les Sourciers Facebook une formation aquaponie / hydroponie, et je rencontre Pierre qui vient de créer la Fédération Française d’Aquaponie FFDA à laquelle j’adhère rapidement.
  • Octobre 2017, nous trouvons un terrain en périphérie de Cherbourg-en-Cotentin. Situé en bordure d’une route assez fréquentée, à proximité d’un gros centre commercial, il s’agit de deux parcelles agricoles représentant 13.000 m² de terrain, exploitées en pâturages depuis des années. Pas de pesticides ni d’engrais donc, et c’est également le cas des parcelles environnantes. Bien exposé Sud-Ouest, il s’agit du terrain sur la photo ci-dessous.

L’étude économique n’est pas terminée faute d’étude de marché, toutefois nous décidons de signer une promesse d’achat sur ces parcelles. L’inconvénient principal est qu’elles sont franchement en pente, ce qui induira des coûts de terrassement importants; mais nous n’avons pas trouvé de terrain plat de cette surface qui soit aussi bien placé, même à concurrence des travaux d’aménagement. Dès lors, nous pouvons faire notre étude de marché, délimiter notre zone de chalandise, estimer le nombre de clients potentiels et le chiffre d’affaire correspondant, faire une enquête auprès des particuliers pour mieux cerner leurs attentes, et rencontrer quelques restaurateurs dans le même objectif. La somme de ces informations est synthétisée dans un document, que vous pouvez télécharger  ici.

  • Mi novembre 2017, nous rencontrons plusieurs établissements bancaires pour faire financer notre projet. Le Crédit Coopératif botte assez rapidement en touche, le milieu agricole n’est pas leur spécialité. Le Crédit Mutuel, après réflexion, considère que le risque d’échec est trop grand, et passe son tour également. La NEF, qui porte des valeurs éthiques comme aucune autre institution financière, accepte de nous suivre mais pour une partie seulement du plan de financement, il faudra donc trouver un co-financeur. Nous sollicitons alors le Crédit Maritime, car nous pensons que la partie pisciculture peut les intéresser (nous attendons leur réponse au moment où je rédige ces lignes, ils ont demandé quelques aménagements au dossier). Enfin, le Crédit Agricole, banque principale de l’agriculture, même si cette banque internationale ne partage pas les mêmes valeurs que nous.
  • le 5 décembre 2017, le Crédit Agricole approuve notre plan de financement en totalité, et avec un enthousiasme que nous n’attendions pas. Il semble que l’aquaponie les intrigue, et les intéresse. En tous cas, ils acceptent de nous suivre! C’est la certitude que le projet se fera, même si nous attendons la réponse du Crédit Maritime qui, avec la NEF, serait plus proche de nos valeurs. La mise en place du financement requiert que l’entreprise individuelle agricole soit créée, ce qui est fait le 14 décembre.
  • le 19 décembre 2017, visite au service urbanisme de la commune dans laquelle je souhaite construire les serres. Surprise, on m’affirme d’une part, qu’il me faut un permis de construire dès que la surface excède 800m², d’autre part qu’il est obligatoire de faire appel à un architecte pour les bâtiments agricoles de plus de 800m². Vérification faite, pour le permis de construire, c’est moi qui avais raison. Une Déclaration Préalable à travaux est suffisante (je poste le texte du Code de l’Urbanisme ci-dessous:
Article *R421-1
Modifié par Décret n°2015-1783 du 28 décembre 2015 – art. 6
 

Les constructions nouvelles doivent être précédées de la délivrance d’un permis de construire, à l’exception :

a) Des constructions mentionnées aux articles R. 421-2 à R. 421-8-2 qui sont dispensées de toute formalité au titre du code de l’urbanisme ;

b) Des constructions mentionnées aux articles R. 421-9 à R. 421-12 qui doivent faire l’objet d’une déclaration préalable

Constructions nouvelles soumises à déclaration préalable
Article R421-9
 
En dehors du périmètre des sites patrimoniaux remarquables, des abords des monuments historiques et des sites classés ou en instance de classement, les constructions nouvelles suivantes doivent être précédées d’une déclaration préalable, à l’exception des cas mentionnés à la sous-section 2 ci-dessus :
a) Les constructions dont soit l’emprise au sol, soit la surface de plancher est supérieure à cinq mètres carrés et répondant aux critères cumulatifs suivants :
-une hauteur au-dessus du sol inférieure ou égale à douze mètres ;
-une emprise au sol inférieure ou égale à vingt mètres carrés ;
-une surface de plancher inférieure ou égale à vingt mètres carrés ;
b) Les habitations légères de loisirs implantées dans les conditions définies à l’article R. 111-38, dont la surface de plancher est supérieure à trente-cinq mètres carrés ;
c) Les constructions répondant aux critères cumulatifs suivants :
-une hauteur au-dessus du sol supérieure à douze mètres ;
-une emprise au sol inférieure ou égale à cinq mètres carrés ;
-une surface de plancher inférieure ou égale à cinq mètres carrés.
Toutefois, ces dispositions ne sont applicables ni aux éoliennes, ni aux ouvrages de production d’électricité à partir de l’énergie solaire installés au sol ;
d) Les ouvrages et accessoires des lignes de distribution d’énergie électrique dont la tension est inférieure à soixante-trois mille volts ;
e) Les murs dont la hauteur au-dessus du sol est supérieure ou égale à deux mètres ;
f) Les piscines dont le bassin a une superficie inférieure ou égale à cent mètres carrés et qui ne sont pas couvertes ou dont la couverture, fixe ou mobile, a une hauteur au-dessus du sol inférieure à un mètre quatre-vingts ;
g) Les châssis et serres dont la hauteur au-dessus du sol est comprise entre un mètre quatre-vingts et quatre mètres, et dont la surface au sol n’excède pas deux mille mètres carrés sur une même unité foncière ;
h) Les ouvrages de production d’électricité à partir de l’énergie solaire installés sur le sol dont la puissance crête est inférieure à trois kilowatts et dont la hauteur maximum au-dessus du sol peut dépasser un mètre quatre-vingts ainsi que ceux dont la puissance crête est supérieure ou égale à trois kilowatts et inférieure ou égale à deux cent cinquante kilowatts quelle que soit leur hauteur ;
i) Les fosses nécessaires à l’activité agricole dont le bassin a une superficie supérieure à dix mètres carrés et inférieure ou égale à cent mètres carrés.

Concernant le recours obligatoire à un architecte, j’ai trouvé ce document sur la page des services de l’état dans les hautes-alpes: http://www.hautes-alpes.gouv.fr/permis-de-construire-et-recours-a-l-architecte-a2545.html qui semble contredire l’obligation de recours à un architecte (hors secteur protégé pour le patrimoine). Lien vers l’article du Code de l’urbanisme

J’ai donc déposé mon dossier de Déclaration Préalable de travaux le 26 décembre, il a été enregistré le 28 et j’ai reçu un justificatif avec un numéro de procédure. La mairie dispose d’un mois pour demander des pièces complémentaires si celles que j’ai fournies ne sont pas suffisamment explicites.. Par ailleurs, j’ai signé un protocole d’accord d’achat du terrain avec les propriétaires actuels, ce qui a permis au notaire de solliciter l’avis de la SAFER (organisme public chargé de la cohérence des utilisations des terres agricoles). La SAFER a la possibilité de préempter n’importe quelle parcelle agricole, afin de la confier / revendre à un porteur de projet jugé plus pertinent, pendant un délai de deux mois après la signature du protocole d’accord. Une procédure accélérée existe pour ramener ce délai à un mois, qui coûte 100 euros (à voir avec le notaire). Toutefois, si le délai d’un mois ne permet pas à la SAFER de se faire un avis, le délai reste à deux mois et les fonds sont remboursés. Dans notre cas, nous espérons une réponse de la SAFER pour le 22 février…

Par ailleurs, il y à quelques jours, nous avons enfin reçu une réponse positive du Crédit Maritime concernant nos besoins de financement, qui accepte de cofinancer nos besoins d’investissement avec la NEF. La lenteur de la procédure sur ce montage nous gêne, bien que les valeurs éthiques de la NEF nous incitaient à travailler avec eux. Nous allons donc les remercier mais rester au Crédit Agricole.

Le 7 février 2018, nous recevons une bonne nouvelle de notre notaire. La SAFER a donné son accord pour la vente des parcelles, nous pouvons donc procéder à la transaction. Un rendez-vous est fixé à la fin du mois. En revanche, nous avons appris que les parcelles se situant dans un périmètre militaire, le délai de réponse à notre Déclaration Préalable de travaux. Le délai est porté de deux à cinq mois (!), et contrairement à la règle habituelle, si la mairie ne donne pas son accord formel dans ce délai, cela équivaut à un refus. J’ai contacté un fonctionnaire des services de l’urbanisme qui m’a assuré que le délai devrait être plus court, et que le dossier ne semblait pas présenter de difficulté particulière.

Le 27 février 2018, nous avons signé l’acte d’achat des parcelles chez le notaire. Quelques jours avant, il nous avait informé de l’existence d’une servitude vis-à-vis de GRT Gaz: une conduite de gaz traverse notre terrain, parallèlement à la route, enterrée à une profondeur d’1 mètre. Ils est donc obligatoire de prévenir l’exploitant du réseau (GRT Gaz) des travaux envisagés et d’obtenir leur accord. Ca ne devrait pas poser de problème particulier, toutefois c’est encore un délai qui s’ajoute dans nos prévisions…

Le 4 avril 2018, réception en recommandé de l’arrêté de non opposition à notre Déclaration Préalable de travaux. Avec la confirmation fin mars de l’accord des autorités militaires, nous sommes autorisés à démarrer. L’entreprise que nous avons retenu pour le terrassement peut dès lors effectuer ses propres démarches pour être en règle, et on espère que la météo permettra un avancement rapide des travaux. Par ailleurs, nous sommes toujours en attente du déblocage des fonds par le Crédit Agricole…

Le 25 avril, début des travaux de terrassement! Il pleut moins, donc c’est plus facile. L’entrepreneur (Entreprise Beaussire, à BRIX) a amené une pelle mécanique, un tombereau et un rouleau compresseur sur place pour réaliser la stabilisation du parking et de la voie d’accès aux serres. Il nous faut attendre la présence des équipes de GRT Gaz pour travailler au-dessus de leur conduite de gaz, et on pourra ensuite avancer plus vite. J’ai également rencontré un technicien d’Enedis pour le raccordement électrique (devis à 1400€) et reçu la proposition d’Orange Résoline pour le branchement téléphonique (912€). J’ai créé un article spécifique sur l’avancement des travaux ici.

Les travaux se sont poursuivis jusqu’au 4 mai, date à laquelle on dispose d’une plateforme de 2000m², avec des talus bien façonnés et un accès en pente douce vers les serres depuis la route. Le parking de 200m² est lui aussi délimité. Il faut maintenant terminer la pose des gaines techniques, fignoler l’aplanissement de la plateforme, poser la fosse de relevage qui permettra d’évacuer les eaux usées vers le tout-à-l’égout au niveau de la route. Pour terminer, une couche de petits cailloux sera répartie et damée sur le parking, le chemin d’accès et le pourtour de la plateforme (autour de la future serre).

En raison des nombreux jours fériés, le chantier est suspendu jusqu’au 14 mai. Les éléments de construction de la serre devraient être livrés la même semaine.

18 mai: Les travaux de terrassement sont quasiment terminés:

La plateforme de 50m x 30m est à niveau, avec une pente de 5mm par mètre dans la longueur pour évacuer les eaux de pluies. En périphérie, une bande de 3 mètres a été stabilisée et revêtue d’un couche de graviers de finition afin de permettre une circulation facile même sous la pluie (ce qui se produit, parfois, dans nos contrées). Les gaines au premier plan sont prévues pour l’arrivée d’eau de ville, l’évacuation des eaux usées vers le tout-à-l’égout collectif, le raccordement au réseau électrique et la connexion au réseau téléphonique.

La livraison des éléments de construction de la serre est retardée d’une quinzaine de jours, on va en profiter pour commencer à planter des arbustes et des fleurs pour améliorer l’esthétique du chantier.

Le 1er juin, les éléments de construction des serres ont été livrés sur le chantier. Le lundi suivant, 4 juin, une équipe de trois personnes est arrivée du Loiret, ils sont sous-traitants pour BN Serres et montent des serres toute l’année. Hyper efficaces, ils montent d’abord les arceaux et les stockent à proximité de leur emplacement définitif. En parallèle, ils tracent au sol l’implantation pour sceller les pieds (avant-poteaux) et creusent les trous de 60cm dans lesquels le béton sera coulé. Le jeudi suivant, le béton que j’ai commandé (le béton ne fait pas partie du devis ) arrive, deux toupies pour 11 m3 en tout, et les 104 plots sont coulés.

Dès le lendemain, 18 arceaux sont placés pour former les trois chapelles sur 12 mètres de long, et des renforts sont installés afin que rien ne bouge pendant la semaine suivante; en raison des commémorations du débarquement de 1944, et d’un salon à Cherbourg sur les énergies marines renouvelables, l’équipe n’a pas pu réserver de chambres d’hôtel.

Ils ne reviennent que le 18 juin pour continuer à monter les arceaux, poser les chéneaux (gouttières), les rails qui permettront la fixation des bâches, les pignons en plexiglas, une partie des moteurs qui commanderont les ouvrants…

En parallèle, une équipe dépêchée par le syndicat municipal de l’eau m’installe une conduite d’eau potable et la connexion à l’assainissement collectif. Ce « tout-à-l’égout » est situé plus haut que la plateforme, j’ai donc fait installer une fosse de relevage et une pompe lors du terrassement. L’installation du compteur à lieu le lendemain, je dispose dorénavant d’eau potable sur le site.

L’heure est venue de poser les bâches, malheureusement le vent supérieur à 5Km/h ne permet pas d’effectuer cette opération en sécurité. L’équipe quitte donc le chantier pour revenir dès que les conditions se seront améliorées. Dans l’intervalle, je vais commencer à dessiner l’implantation de mes bacs d’élevage et de culture, le bois, les bâches et la plomberie en PVC pression sont commandés, il reste beaucoup à faire…

Le 4 juillet, le vent s’est calmé et on peut poser les bâches

Sans surprise, il fait instantanément (encore) plus chaud dans la serre, même avec les deux côtés ouverts. Les toiles d’ombrages vont s’imposer à cette période de l’année!! Il reste quelques finitions, la pose des deux portes doubles entre autres, et l’électricien doit venir en début de semaine suivante pour réaliser les connexions entre la centrale de gestion climatique, les capteurs et les différents moteurs d’ouvrant.

L’électricien est finalement venu les 12 et 13 juillet, il a terminé l’installation: protection et alimentation des moteurs de gonflage

Pose du tableau électrique regroupant l’automate de gestion climatique et les protections des moteurs d’ouvrants (2 latéraux et un faîtage)

Depuis mi juillet, nous avons commencé à installer le système en lui-même: construction des premiers bacs de culture, qui recevront les radeaux, pose et raccordement des premiers éléments de plomberie (retour de l’eau des bacs de culture vers le bassin tampon). On utilise comme bois du pin Douglas, pour sa bonne résistance aux conditions humides et parceque c’est une essence qui pousse localement, qui est travaillée par un bûcheron et un menuisier du coin. Les tuyauteries sont en PVC pression (ou PVC-U) qui est agréé pour l’eau potable et qui, au contraire du PVC classique, ne relargue pas de phtalates (perturbateur endocrinien). La bâche qui sera utilisée dans les bacs de radeaux est également agréée pour un usage alimentaire.

Sur cette dernière vue, au fond à gauche la première série de 4 bassins qui recevront des radeaux, au premier plan à gauche les tranchées dans lesquelles seront placés les tuyaux qui permettent le passage de l’eau entre les différents bacs, au centre la conduite principale qui permet de retour de l’eau de culture vers le bac tampon, lequel est enterré à droite.

Le 17 août, nous avons été raccordés au réseau électrique !! Grosse évolution, plus besoin d’allumer le groupe électrogène pour ouvrir ou fermer les ouvertures de la serre, elle est vraiment autonome et réagit en fonction de la température intérieure, de la vitesse et du sens du vent, de la pluie. Ca à l’air magique et on ne risque plus de se faire abîmer quelque chose par une rafale. Par ailleurs, plus besoin de brûler du gasoil, notre fournisseur d’énergie est Enercoop Normandie, qui garantit une électricité100% renouvelable donc sans nucléaire. Ce n’est pas le KWh le moins cher du marché, mais il n’y a pas d’équivalent sur les aspects environnementaux et sociétaux (c’est une coopérative, comme son nom l’indique). Le chantier n’a pas beaucoup avancé, on attend un peu certains fournisseurs pour pouvoir continuer, mais dès que les livraisons arriveront, on redémarrera et j’ajouterai des photos.

Nous sommes le 13 septembre, tous les bassins de culture sont construits, et le premier bloc de 4 bassins est bâché. Les traversées de bâche sont installées afin de permettre la circulation de l’eau entre les différents bassins, ainsi que son évacuation vers le bac tampon.

Le fond des bassins est premièrement protégé du sol par un paillage synthétique, présent également dans les allées,qui permet de gommer une partie des irrégularités du sol, d’empêcher l’apparition de végétaux et de limiter la formation de poussières. On pose ensuite au fond et sur une partie des côtés un feutre géotextile, qui augmente la protection face aux irrégularités du sol et des planches constituant les bassins. Elle permet aussi d’arrondir les angles pour la bâche. Enfin, la fine bâche étanche de qualité alimentaire est posée et agrafée de sorte de ne pas être trop tendue, elle se tendra lors de la mise en eau. Sur la dernière photo, on voit une des traversées de bâches qui est collée au silicone sur les deux faces, inférieure et supérieure, de la bâche, afin d’assurer l’étanchéité. Sur les deux premières photos, on voit le long des bacs le circuit de PVC qui amènera l’air sous pression afin que l’eau soit correctement oxygénée grâce à des diffuseurs positionnés au fond et sur toute la longueur des bassins.

A gauche la pompe à eau à hélice, très peu gourmande en énergie pour faire circuler l’eau dans l’ensemble du système. Au second plan la future plate-forme qui couvrira le bac tampon. A droite la pompe à air qui compressera l’air ambiant pour l’envoyer dans les différents bacs et bassins, ainsi que dans les filtres biologiques.

A gauche les « bioballes », qui serviront de support aux colonies bactériennes des filtres biologiques. Nous en utiliserons 1000 litres (photo du milieu). A droite l’un des diffuseurs d’air à basse pression nécessaires au développement des bactéries aérobies, elles ont besoin d’oxygène pour transformer l’ammoniac en nitrites puis nitrates.

Enfin du neuf ! Ce 22 décembre 2018, je viens de finir de connecter le premier bac d’élevage avec les filtres et le bac tampon. Voyons ce que ça donne

La paroi du bassin a été munie d’une traversée de bâche, qui permet de maintenir l’étanchéité. Diamètre 110mm pour pouvoir évacuer 20 m3/h sans problème…

De la sortie du bassin au filtre à tambour, un coude et de la gaine flexible aux normes alimentaires. Le filtre est capable de traiter jusqu’à 35 m3/h avec une filtration de 70µ. Les particules plus grosses que 70 microns sont évacuées automatiquement.

La sortie du filtre à tambour vers les tubes UV-C. On voit le boitier de commande du filtre, qui commande également le fonctionnement des UV et de la pompe de rinçage (pas encore connectée, on l’aperçoit sous le filtre).

Toujours de la gaine alimentaire pour rejoindre la filtration UV, toujours en 110mm de diamètre. La filtration UV-C permet de détruire l’ADN des bactéries qui circuleraient dans l’eau; c’est une sécurité importante pour la santé des poissons.

Et enfin, le raccordement des UV vers le filtre biologique dans le bac tampon.

J’ai utilisé de la gaine flexible à la fois pour des facilités de montage, on peut être moins précis qu’avec le PVC pression, et pour pouvoir plus facilement modifier le circuit dans l’avenir, si besoin.

Pendant que j’attendais les pièces nécessaires à ce raccordement, j’ai posé de l’éclairage dans la serre, pour qu’on puisse travailler après 17h en hiver

J’ai également commencé à préparer le point d’accueil de nos clients pour la vente sur place, avec un grand comptoir et un petit bassin qui sera équipé de radeaux, afin de montrer des légumes vivants et d’expliquer le principe de culture.

Hier le 14 février 2019, nous avons accueilli un lot de 1100 truitelles de 136 grammes de poids moyen. Elles avaient été précédé par un petit lot de 100 animaux, qui ont passé 3 semaines dans le système pour vérifier son équilibre, principalement pour ce qui est du cycle de l’azote.

Tout s’est bien passé, elles sont en pleine forme et affamées, ce qui est toujours bon signe.

On a aussi commencé l’installation des tours de culture Origamyk, qui permettent de cultiver chacune 16 plants. On envisage de les utiliser principalement pour les nombreux fraisiers de différentes variétés que nous allons cultiver.

Le 24 mars 2019, ça y est ! Les tours sont installées, la gouttière de recirculation de l’eau est posée, et les 400 et quelque fraisiers sont en place. Quelques boutons floraux apparaissent déjà; le fournisseur des plants de fraisiers m’a conseillé d’éliminer la première fleur sur chaque pied, afin de maximiser la production.

Dans les prochaines semaines, nous attendons la visite de la sous-préfète de Cherbourg, Madame Elisabeth Castellotti, et d’un candidat aux élections européennes, Monsieur Sergio Coronado. Nous sommes très heureux de pouvoir leur faire partager notre aventure et notre vision de l’agriculture « low-tech » de demain.

Oups !! Deux mois ont passé, nous sommes le 26 mai et les fraises sont bien mûres, elles donnent le sourire à nos clients.

Nous continuons à coloniser les espaces de culture, nous sommes à environ 2/3 de la surface en culture. Une partie non négligeable est constituée des moutardes et aromatiques dont nous espérons récolter des graines afin de ne pas avoir à les acquérir à l’extérieur. Cette opération est intéressante financièrement mais occupe beaucoup de place.

En parallèle, nous avons installé de nombreuses plantes aromatiques: différents basilics, du shiso ou perilla, des boutures de différentes variétés de menthes, de l’origan, de l’estragon, de la livèche… Les plantes-fruits sont également en place: 250 pieds de tomate (22 variétés différentes), concombres, cornichons, courgettes, melons et pastèques. Sont toujours en place les petits pois, les fèves dont la récolte touche à sa fin, et quelques pieds de haricots dont la récolte demande beaucoup de temps.

Nous avons également de nombreuses boutures de pélargoniums, dont les arômes seront utilisés en cuisine et pâtisserie, et plusieurs variétés de fleurs comestibles.

La vie s’invite dans la serre, les pollinisateurs commencent à s’activer. Les pucerons les ont précédé, nous leur faisons face par des nettoyages minutieux, et grâce à la lutte biologique intégrée (chrysopes, coccinelles et parasitoïdes).

Concernant la partie piscicole, notre lot de truites arc-en-ciel présente une forte disparité en taille; certains animaux atteignent 400g alors que d’autres n’atteignent que 230g. Il me faut donc installer un second bassin afin de pouvoir trier les animaux suffisamment gros pour être commercialisés, ce qui donnera aux plus petits une meilleure chance de pouvoir grossir eux aussi.

Afin d’améliorer la visibilité de ce journal de bord, et d’avoir plus d’échanges avec mes lecteurs, j’ai commencé un sujet sur le Forum d’Aquaponie France à cette adresse. C’est sur le forum que je vais continuer à raconter cette aventure, on se retrouve là-bas !